Joël

Joël, c’est moi…Portrait Joël

J’ai la chance de bénéficier, un peu avant mes 60 ans, d’un dispositif de départ anticipé avant ma retraite, qui me fait gagner 3 ans de vie en temps libéré du travail…

J’ai choisi ce moment pour réaliser ce projet un peu fou, de partir quatre mois pour traverser à vélo le Cambodge, le Laos et une partie du Vietnam…

Ce projet est né en 2014, au retour de trois semaines passées au Laos et en Thaïlande avec mon épouse… Ce voyage m’avait paru tellement court ! Et le fait d’avoir croisé des cyclotouristes dont un couple qui voyageait à vélo avec deux petits enfants m’a convaincu que l’aventure était accessible…

A l’approche du  temps libéré j’ai mûri cette entreprise et, en Septembre 2015, Claude, un Camarade, un ami de longue date, à qui j’ai proposé de m’accompagner s’est jeté avec enthousiasme dans mon projet qui est devenu le nôtre…

Pour ma part, C’est la conjugaison de l’attrait pour d’Asie qui  remonte à loin et ma récente pratique du cyclotourisme qui ont donné naissance à cette aventure.

L’Asie: un intérêt précoce…

Le livre que je feuilletais s’appelait « Aujourd’hui la Chine». Il appartenait mon grand frère. A chaque page, des photos, dont quelques unes étaient en couleur, montraient des visages, des paysages, des personnages de théâtre grimés, des scènes de rue incroyables où des gens aux yeux bridés erraient dans des villes étranges devant des vitrines, des enseignes, des affiches ou s’étalaient des signes d’une écriture mystérieuse.

Mes yeux d’enfants de 7 ou 8 ans étaient vierges d’images du monde de l’au-delà des quelques kilomètres autour de notre ferme des hautes Vosges.. En effet, à part les tableaux «Rossignol» et les cartes «Vidal-Lablache» qui venaient en support de nos leçons, à part les illustrations souvent caricaturales de nos manuels scolaires, dans le milieu des années 60, à la campagne, les images qui représentaient le monde étaient rares et presque toujours en noir et blanc.

Les photos de cette édition de 1955 m’ont ému, interpellé, touché, impressionné elles m’ont profondément marqué. Elles ont éveillé ma curiosité et activé mon imagination. Elles sont restées ancrées dans mon esprit avec l’émotion qu’elles ont produite. C’est sans doute en lien avec ce moment intense, que, plus tard,  j’ai lu et relu avec un plaisir particulier «Tintin et le lotus bleu» qui confirmaient ces scènes de rues, cette ambiance si particulière et cette étrange écriture…

C’est à cet âge là également que je découvrais les correspondances exotiques d’un ami de mes parents, un missionnaire qui résidait au « Siam » comme on disait encore 25 ans après que ce pays ait prit le nom de Thaïlande. Ses récits étaient tapés à la machine sur des pelures bleues azur où il était écrit «par avion» à coté du timbre imprimé. Il y racontait, en patois vosgien pour marquer son attachement d’expatrié à ses origines, un quotidien étrange où il était question de rizières, de pauvreté mais aussi de gentillesse, de rires et de joie de vivre de ces si lointains siamois. J’imaginais cette vie qui me rappelais ce que contenait le beau bouquin de mon frère…

L’Asie et ses mystères commençaient donc à m’habiter…

Je me vois encore très bien, il y a cinquante ans, rêvant à ce lointain imaginé, contemplant le globe terrestre qui trônait à coté du poêle à charbon de l’école: j’y vérifiais souvent la présence de l’Asie, de la Chine et du «Siam – Thaïlande» aux antipodes.

C’était bien loin, irai-je un jour ?

J’en ai rêvé jusqu’au jour où, à mes débuts professionnels qui m’ont envoyé à Paris, deux de mes collègues colocataires du foyer PTT, m’ont entraîné chez leurs amis Laotiens.

J’entrais alors, dans un milieu où des gens déracinés aimaient se retrouver pour manger, chanter, rire, comme au pays. Des jeunes laotiens formidables m’ont ainsi généreusement ouvert leur porte et fait l’honneur de leur amitié; je côtoie encore nombre d’entre eux chez qui j’ai toujours été chaleureusement accueilli au point d’avoir impression faire partie de la famille…

Avant 1980, après l’avoir imaginé, j’avais donc fait l’expérience concrète d’une partie de l’Asie ; de son quotidien, de sa cuisine, de ses rites, de ses cérémonies, de sa musique, de ses langues, de ses cultures, tout cela sans jamais y avoir mis les pieds.

Dans le courant de 1980, le transport aérien commençait à se démocratiser. J’ai pris pour l’équivalent de presque un mois de salaire, un aller/retour sec pour Bangkok,  histoire de voir, toucher sentir, humer, entendre, respirer ce que j’imaginais depuis si longtemps, m’imprégner d’odeurs de cuisines épicées et parfumées, me remplir les yeux de la vue des fleurs de frangipaniers, des orchidées, des pagodes colorées, m’enduire des musiques suaves qui vous glissent dessus comme des mains chaudes et douces.

Je n’ai pas été déçu : après quelques aventures à Bangkok, Chiang-Mai et dans le Triangle d’Or, je me suis rendu, avec le copain, qui m’accompagnait dans l’est de la Thaïlande. Nous y avons rencontré le missionnaire, amis de mes parents dont les correspondances m’avaient tant marqué. C’était un personnage haut en couleur et accueillant, qui nous a fait découvrir la réalité d’une Thaïlande de l’Est proche des rives du Mékong et bien loin des touristes.… J’ai tant aimé que, onze mois plus tard, je renouvelais le voyage….

Il m’aura fallut passer le long épisode de la « vie active », presque trois décennies à construire une famille, une maison, une vie professionnelle, pour retrouver le temps et les moyens de voyager de nouveau… Et c’est en 2014, qu’avec mon épouse, pendant trois semaines, nous avons pris, sac au dos, le chemin du Laos et de la Thaïlande: une fois de plus la magie a opéré et l’envie de revenir bientôt aussi !..

Le vélo: une découverte tardive…

Avant mes 50 ans je n’ai jamais pratiqué de sport. J’avais ça en horreur, cela était dû à des restes de cours d’éducation physiques que j’ai mal vécu au collège et au lycée, cours où j’ai pu me sentir humilié à cause d’un surpoids qui ne m’autorisait guère à briller dans ce domaine…

En 2003 après un cancer et tout ce que cela signifie comme émotion face au diagnostic et comme conséquences quant aux soins, sans doute trop heureux de bien m’en sortir, je me suis pas mal laissé aller, j’ai eu souvent la fourchette un peu lourde et mon historique surcharge pondérale s’est transformée en obésité….
Une fois le quintal bien dépassé, de plus en plus gêné par mon aspect et par un début de difficultés motrices, des douleurs au dos récurrentes, je me suis lancé dans un régime qui m’a fait perdre 28 kg. Et c’est pour stabiliser cette perte de poids que je me suis mis au vélo à 50 ans. Je suis sorti enfin de derrière l’écran de l’ordinateur pour me bouger beaucoup plus…
Aujourd’hui je parcours avec plaisir 7000 à 8000 km par ans….  Il n’est donc jamais trop tard pour se mettre au sport et pour ma part j’y ai été amené par les épreuves. Mais quand je dis sport, je ne parle pas de compétition, je déteste cela. Ce n’est pas la passion du sport cycliste qui me pousse à la pratique du vélo mais le constat que le vélo qui est le meilleur moyen de se déplacer proprement et rapidement et qu’en plus il vous fait bouger, vous aère le cerveau, et peut être un bon moyen de rencontrer du monde tant par l’appartenance à un club de cyclotourisme que par les rencontres sur la route rendues plus facile à vélo qu’en voiture…Non seulement le vélo vous permet de vous déplacer, mais en prime il vous emmène vers un état bien-être physique, mental et social ; bref le vélo contribue à la bonne santé..

La pratique du vélo au sein du club cyclotouriste «Les amis de Vélocio» d’Épinal, qui n’a rien à voir avec le cyclisme de compétition, m’a permis de progresser, de me donner confiance et de me prouver que de grandes aventures étaient à ma portée comme à la portée de la plupart des gens qui veulent bien s’en donner la peine… Finalement, en considérant que le vélo est plutôt un moyen pour se déplacer, de visiter, de rencontrer qu’un but sportif, passer des heures à pédaler à son rythme, à grimper en prenant son temps, n’est pas si dur que cela, c’est surtout bien récompensé par la satisfaction du chemin parcouru, la vue des beaux paysages et la bonne fatigue. On peut se dépasser se surprendre et réussir quand la souffrance de l’effort est récompensée par le plaisir…